Book Club : Stolen Focus de Johann Hari

Avez-vous l’impression que votre mémoire vous joue des tours? Que vous commencez une tâche sans vous souvenir de la raison pour laquelle vous êtes en train de la faire? Êtes-vous capable de vous concentrer pour de longues périodes de temps? 

Êtes-vous dépendants à vos écrans? Pensez-y : combien de temps leur allouez-vous par jour? Est-ce que votre manque de concentration et de mémoire est lié à votre consommation de lumière bleue? 

Stolen Focus de Johann Hari parle d’un peu tout ça. C’est par une expérience de 3 mois sans écran puis de recherche approfondie qu’il nous explique pourquoi notre attention nous glisse littéralement entre les doigts. 

C’est quoi l’enjeu exactement? 

La prémisse des recherches de Hari débute lors d’un voyage. Il organise celui-ci avec son neveu afin de le sortir d’une mauvaise passe et de le sortir de son écran d’ordinateur. C’est une fois sur place qu’il se rend compte que les touristes ne lèvent pas leurs yeux de leur téléphone, et son neveu aussi d’ailleurs. Au lieu de profiter de l’instant présent, ils capturent en photos les éléments pour lesquels ils ont fait de nombreux kilomètres… pour les voir de leurs propres yeux. Le fameux phénomène des gens qui filment des shows… 

Il se positionne alors de façon très claire sur le fait qu’il souhaite réduire à tout prix sa consommation d’écran afin de profiter de sa vie au maximum, et surtout, de retrouver son habileté à se concentrer. Tout part de là. 

La créativité, une denrée de plus en plus rare

Winston s’est intéressé au sujet parce que Hari suggère que nous perdons un énorme terrain de sable dans lequel on peut jouer, créer et s’abandonner en limitant le temps attribué à s’émerveiller, mais aussi à ne rien faire et laisser nos pensées virevolter. On sacrifie de la profondeur dans plusieurs sphères de nos vies. La profondeur prend du temps et avec la consommation popcorn et le sensationnalisme des grands titres et des belles images, on perd notre capacité à nous concentrer sur de longues périodes de temps. 

“Let your mind wander”

Avec un petit pas de recul, on constate que ce n’est pas faux, qu’on sort souvent de belles idées quand on s’y attend le moins. C’est pourquoi on encourage toujours les créatifs à prendre une marche quand le cerveau est à off ou de quitter l’écran pour gribouiller dans un carnet, et surtout pourquoi on a souvent nos meilleures idées en faisant une balade en voiture ou en prenant notre douche. Parce qu’on se donne le droit de penser. Avec les technologies de l'information rapides, on se laisse de moins en moins de temps pour établir des liens entre nos apprentissages. Les écrans et les diverses notifications qui viennent heurter notre concentration seraient l’une des causes de ce manque de créativité. 

Ça vient d’où ce manque d’attention?

L’auteur constate que nous nous blâmons à tout coup pour un manque de concentration alors que le problème est beaucoup plus grand que notre simple personne.

Hari tire ses recherches d’à travers le monde afin de rencontrer les experts dont il a besoin pour venir à bout de ses questions. Il en vient à découvrir que les plateformes numériques, qui sont probablement les interfaces sur lesquelles nous passons le plus de temps, sont actuellement conçues afin de nous faire perdre du temps. C’est vrai que chaque réseau social fait de l’argent pour toute seconde investie par ces utilisateurs à même la plateforme. 

Des humains non sociables? 

Est-ce que vous lisez encore de vrais livres papier? Dans notre cas, poser la question c’est y répondre, puisqu’on rédige un bookclub. Le fait de lire de moins en moins d'ouvrages nous pousserait à être de moins en moins empathiques. Lorsqu’on lit, on s’imagine et se projette dans la vie et les émotions de plusieurs personnages afin de comprendre et de vivre l’histoire à notre manière. On perd cette notion d’empathie autour d’une histoire ou d’une trame externe lorsqu’on lit de courtes nouvelles. “As you read fiction, you see inside other people’s experiences”. 

Nous sommes une agence de marketing qui utilise les médias sociaux sans toutefois en faire une surutilisation. Loin de là notre souhait de dire que ces plateformes ne sont que négatives. Par contre, c’est une vision intéressante que de comprendre la dynamique de l’angle social. Hari rencontre de nombreux spécialistes qui lui expliquent comment les médias sociaux nous éloignent les uns des autres plutôt que l’inverse. Plus on s’isole derrière un écran, moins on apprend et on s’ouvre sur le monde. C’est donc intéressant de se plonger dans une réflexion sociale et éthique en lien avec notre consommation d’informations rapides et surtout de prendre conscience de nos gestes. 

Ce livre est un éveil social et surtout un compteur qui vous permettra de faire un bilan de votre utilisation des écrans et de vous faire votre propre idée sur comment en réduire l’utilisation si vous trouvez que votre quotidien vous passe sous le nez. Une lecture sérieuse, pleine de constats personnels qui se met bien sur la table de chevet, mais qui peut être un brin stressante avant de se coucher. 

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